(Bolivie Maintenant. 20/11/2019) 22 novembre 2019
« On lamente … 25 blessés, 3 morts … mais si j’aimerais bien préciser que l’armée n’a pas tiré un seul projectile … » Tels furent les mots prononcés par Fernando López Julio, nouveau ministre de la Défense du gouvernement de facto actuel de Bolivie, lors de la Conférence de presse dans la nuit du mardi 19 novembre au sujet d’un nouveau massacre perpétré par les forces armées contre des voisins civils mobilisés, dans les quartiers situés au sud de la ville d’El Alto, afin de permettre la libération de carburant.
À ce propos, mercredi 20 novembre, la Défenseuse du Peuple de la Bolivie, Nadia Cruz, a confirmé que l’on comptait au moins 11 morts et plus de 30 blessés. Cependant, on peut supposer que les chiffres vont augmenter car plusieurs personnes ont été grièvement blessées, d’autres sont portées disparues ; de même des personnes mobilisées témoignent qu’elles ont vu que des corps avaient été enlevés par l’armée lors de l’opération.
Ainsi, le bureau de la Défenseuse du Peuple a officiellement confirmé les décès causés par des coups de feu, sur la base de rapports faisant état des deux premières autopsies pratiquées (par Edwin Jamachi et Rudy Vázquez). Voici donc des indices qui prouvent que les forces de sécurité ont tiré sur des civils, ce qui contredit les affirmations du ministre de la Défense.
«… Les forces armées ont pour premier devoir aujourd’hui d’engager un dialogue avec ces compatriotes et frères boliviens…» (Fernando López Julio, ministre de la Défense)
Face à ces faits, plusieurs vidéos prises par les manifestants eux-mêmes circulaient à travers les réseaux sociaux, ce qui dément tacitement l’autorité gouvernementale. Deux en particulier, dans le premier cas, on observe des tireurs d’élite militaires en position de tir. La seconde montre les voisins de Senkata qui montrent avec des cartouches de 7,62 mm, soit le calibre des munitions utilisées par les forces armées, recueillies directement à l’endroit où les événements se sont produits.
« … La perte de vie est irréparable, nous demandons (au gouvernement) un dialogue fraternel, un dialogue sans persécution, un dialogue qui respecte la lutte des personnes mobilisées … La justice est le minimum que l’État doit leur accorder, avec un éclaircissement des faits. Il n’est pas besoin de reconnaître des responsabilités auparavant … » (Nadia Cruz, Défenseuse du Peuple de la Bolivie)
La Défenseuse a également dénoncé l’illégalité du décret suprême n ° 4078, émis par la présidente autoproclamée par intérim, Janine Añez, qui exempte les forces armées et la police de toute responsabilité pénale dans les actes de violence qu’ils déploient contre les personnes mobilisées. Elle a indiqué qu’ils étaient attentifs au traitement et à l’attitude de la Cour constitutionnelle et de la Commission Inter Américaine des Droits de l’Homme en ce qui concerne la fragilisation des Droits que suppose ledit décret suprême.
Elle a de nouveau demandé à la présidente Añez, l’abrogation du D.S. susmentionné et la démilitarisation du pays dans les tâches de sécurité intérieure, avec le retrait immédiat des forces armées de la rue.
«…des hordes, de façon inacceptable, avaient l’intention d’entrer dans l’usine de Senkata avec des bâtons de dynamite. Ils ont décidé de faire tomber les murs à coups de bâtons de dynamite, de brûler des véhicules et voler des bouteilles de gaz… ils reçoivent actuellement des ordres, de l’argent, de l’alcool et de la coca pour causer du vandalisme, de la terreur… » (Fernando López Julio, ministre de la Défense)
Comment
va la population de la ville de El Alto?
La situation est sombre, la population est très
consternée et, même s’il est difficile d’identifier des leaders, les différentes
voix qui s’élèvent expriment ce qui suit :
– Nous réaffirmons qu’en Bolivie un coup d’État policier et militaire a été mis en place, lequel a placé un gouvernement autoritaire de facto qui tue le peuple bolivien, en particulier les secteurs populaires ruraux et indigènes du pays.
– Qu’ils ne reconnaissent pas la présidente auto-proclamée Yanine Añez et exigent sa démission immédiate et l’élection constitutionnelle d’un nouveau président.
– Que le pays doit être démilitarisé et que cesse la persécution et le massacre du peuple bolivien. Ainsi que l’abrogation immédiate du décret suprême n ° 4078.
– Qu’ils démentent fermement les affirmations des autorités gouvernementales actuelles qui prétendent que la mobilisation populaire d’El Alto est organisée et promue par le président Evo Morales et le parti MAS ; en réalité, la vérité est que les mobilisations sont sociales et organisées spontanément par la population elle-même, sans leadership ni liens de parti.
– Qu’ils refusent la version diffamatoire diffusée par le gouvernement qui dit que les personnes mobilisées sont payées. Au contraire, elles sont l’expression spontanée du rejet du coup d’État.
– Que les événements du mardi 19 novembre doivent faire l’objet d’une enquête menée par une entité internationale et indépendante, afin de clarifier les faits réels et de sanctionner les responsables du massacre perpétré par les militaires.
– Que les actions violentes de persécution et d’assassinat des mouvements sociaux et du peuple bolivien en opposition au coup d’État, qui exécute le régime dictatorial actuel, faisant au moins 27 morts à La Paz (Cochabamba), soient rapportées à la communauté internationale. Sainte Croix.
– Que la ville d’El Alto, de manière pacifique, continuera à se mobiliser avec plus de force jusqu’à ce qu’elle puisse vaincre le coup d’État et parvenir à la pacification du pays.
El Alto debout, à genoux jamais! Respectez la Wiphala*, carajo ! Respectez la pollera*, carajo !
De quelque part à El Alto.
Voir ici : Marco Teruggi: Bolivia va a pasar a ser un espacio de despojo
Traduction FAL 33
Publié par : https://telegra.ph/EL-ALTO-DE-PIE-NUNCA-DE-RODILLAS-Cr%C3%B3nica-de-una-masacre-anunciada-11-21