Par RFI Publié le 30-11-2017

En Argentine, le plus important procès des violations des droits de l’homme sous la dictature des années 70 a pris fin ce mercredi. 54 anciens militaires étaient jugés pour des crimes commis contre 789 personnes à l’Esma, l’École de mécanique de la marine, le plus grand centre de détention clandestin de la dictature. 29 prévenus ont été condamnés à perpétuité et 19 à de lourdes peines de prison. Notre correspondant a partagé l’écoute du verdict avec des proches des victimes.

avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet

Paula Donadío, fille d’une rescapée de l’Esma, a perdu quatre de ses oncles dans ce centre de détention. Après le verdict, elle souligne l’exemplarité du procès. «Ce procès a été très important. D’abord, parce qu’il a montré le caractère systématique des enlèvements et des disparitions. Ensuite, parce que c’est la première fois qu’on a pu juger les vols de la mort. C’était un des mécanismes utilisés par les bourreaux pour se débarrasser des corps des détenus qui deviendraient ensuite des disparus ».

Dora Loria pense à sa cousine, disparue dans un vol de la mort. Elle salue la décision des juges. «Justice, enfin, une vraie justice. Et perpétuité pour les bourreaux ! Ma seule cousine, fille unique de mes oncles, a été détenue à l’Esma, et éliminée dans un vol de la mort. Elle avait dix-huit ans ».

Les audiences du procès des «vols de la mort», prisonniers jetés vivants et drogués d’avion dans les eaux boueuses du Rio de la Plata, se sont ouvertes en novembre 2012, à Buenos Aires. Les accusés, d’anciens gradés de l’armée, des pilotes, devaient rendre des comptes sur le sort des 789 victimes, sur plusieurs milliers de disparus au cours de la dictature argentine.

Justice a donc été rendue. Mais les prévenus, comme dans les autres procès de la dictature, ont respecté le pacte du silence qui semble lier les anciens militaires. Ils n’ont donné aucune information permettant de retrouver les corps des disparus.

►Parmi les prisonniers de l’Esma, les deux religieuses françaises Alice Domon et Léonie Duquet, arrêtées et disparues en 1977, sur dénonciation de l’ex-capitaine Alfredo Astiz. Elles furent détenues à l’Esma. Le corps de Léonie Duquet a été retrouvé dans une fosse commune et formellement identifié en 2005.

Source: RFI – http://www.rfi.fr/emission/20160128-argentine-memoire-dictature-proces-impunite

 

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